mercredi 31 août 2011

Campagne de pêche à Madère...

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Carnet de bord (extraits):

Bonite au four
Samedi 11h30 – Vent 15 nœuds grand largue GV haute - génois.
12h00, 1 ris 1 tours dans le génois puis 2.
15h00, 2ème ris, 25 nœuds, houle difficile, 7 nœuds de moyenne, pointes à 9/10.

Dimanche 6h00, le vent tombe et on largue les ris et les tours de génois.
7h00, première bonite
11h00, la rotule du vérin de pilote se déboîte, réparation
12h00, la bonite est au four, pain, cargo se déroute
18h00, mise en place gennaker.
19h00, 2 bonites

Lundi 7h00, gennaker, bonite
10h00, 4 nœuds de vent travers, vitesse 2,5 nœuds... mer calme...
12h00, bonite à la tahitienne
Préparation du curry du chef
15h00, le vent refuse, on lofe, soleil, mer calme
18h00 cargo, vent nul, moteur
19h00 apéro au soleil, latitude du Maroc
20h00, bonite grillée, poivrons, pommes de terre sautées

Mardi 7h00, vent 8 nœuds, gennaker au près (40°)
11h00, soleil, 25°, fricassée de poulet à l'indienne.
15h00, vent 12 nœuds, le génois remplace le gennaker
19h00, régime de grains, 1 ris - génois, bonite
20h00, curry de bonite
23h00, GV haute

Mercredi 10h30, arrivée à l'île de Porto Santo.
Mouillage en face de la plage, 28° eau à 22°
11h00, casse-croûte pâté Henaff, vin espagnol.
12h00 sieste
20h00, bonite grillée beurre maître d’hôtel, pommes de terres sautées, bananes flambées...


Orthodromie quasi respectée...
En résumé, une navigation de 500 milles en 4 jours plutôt agréable et confortable malgré un léger manque de vent à un moment. La mer était calme et la houle bien orientée sauf le premier jour. Un hasard à fait que tous les cargos les 3 premiers jours étaient systématiquement en route de collision mais qui, après échanges en VHF, se sont déroutés facilement. Nous avons fait une hécatombe de bonites malgré les efforts pour varier les appâts, le Capitaine espérait un thon ou une daurade. Quarts de nuits, le Capitaine prenait celui jusqu'à 1h00, le mousse de 1h à 5h, puis le Capitaine reprend la veille jusqu'en milieu de matinée, chacun trouvant son complément de sommeil à loisir dans la journée. Le rythme s'est installé naturellement et nous regrettions d'être "déja" arrivés, nous sommes prêts pour la transat.

La température nous a fait savoir progressivement que nous descendions très au sud (latitude 70 km sud de Casablanca) et c'est une végétation tropicale qui règne sur cette île volcanique que nous irons découvrir dès demain. Nous sommes actuellement mouillés par 5 m d'eau cristalline sur fond de sable blanc de bonne tenue, la nuit s'annonce calme et chaude...

 

Le quart du matin, le préféré du Capitaine.
C'est aussi l'heure de la chasse pour les carnassiers et donc de la pêche...


L'île de Porto Santo se dévoile au petit matin...

Nous mouillons devant la grande plage, nous sommes 2 bateaux.


Ps: nous demandons pardon à nos parents de ne pas les avoir tenus informés de notre départ pour cette navigation hauturière afin qu'ils ne s'inquiètent pas inutilement...

vendredi 26 août 2011

Alfama, Fado, Saudade... frissons et larmes aux yeux...

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Il est bien difficile de parler de Lisbonne et de son histoire en seulement quelques lignes... On y trouve des menhirs et dolmens car plusieurs tribus de langue celtes y font leur apparition 1000 ans avant notre ère. La cité deviendra de droit romain suite aux guerres puniques. Le vin, le sel et les chevaux seront les principaux produits d'exportation vers Rome.
Puis ce sera la conquète musulmane par les Maures, l'arabe sera la langue officielle et l'islam la religion. On y construira des mosquée et les murailles de la ville. Il faudra attendre 1147 pour qu'un groupe de chevaliers français, anglais, allemands, et portugais, conduits par Alphonse 1er, assiègent et prennent Lisbonne. La reconquête du Portugal et le rétablissement du christianisme forment un des évènements les plus significatifs de l'histoire de Lisbonne. Les quartiers de la Mouraria tire son nom des Maures, ainsi que l'Alfama (al-hamma) le plus vieux quartier de la cité.
Puis ce sera l'ère des Grandes découvertes, la plupart des expeditions maritime partent de Lisbonne comme celle de Vasco de Gama.
C'est en 1755 que 85% de la ville sera détruite lors du seisme et du raz de marée qui suivi avec 90000 morts. La ville sera reconstruire avec systeme anti-sismique datant du 18ème siècle par le visionnaire Marquis de Pumbal.

Les troupes de Napoléon pilleront la ville debut 19ème, puis ce sera la guerre civile, les grandes grèves ouvrières puis la révolte contre la monarchie en 1910, le reste du pays suivra ce soulèvement bien que le pays reste profondément catholique et conservateur. Le regime dictarorial de Salazar finira lors de la Révolutions des oeillets en 74.
 En 1988, un violent incendie ravage le centre historique de Lisbonne et bouleverse la vie quotidienne et économique pendant plus de dix ans. Depuis 98, année de l'Exposition Universelle, Lisbonne vit une restructatrion profonde mais longue par manque de moyens.
Cette cité conserve au jourd'hui les stygmates de ces grands bouleversements géométrico-architecturaux qui lui donnent un relief dont les contrastes se révèlent en se laissant déamuler dans ses quartiers. Cette ville à bien plus que des choses à regarder et a photographier, elle est des choses a vivre, elle dégage une atmosphère, elle possède une âme. Il suffit de se promener dans ses quartiers populaires et arpenter ses ruelles pavées, sentir la sardine grillée, l'encens et la lessive du linge qui séche aux fenêtres, regarder ses enfants jouer dans la rue jusqu'a ce que nos pas nous emmenènt vers cette musique et  ces chants mélancolique, le Fado, pour s'en rendre compte...

La partie Est de la ville vue des hauts de l'Alfama, le Tage en arrière plan.

Lisbonne n'est pas Lisbonne sans ses trams
 centanaires ici le "fameux" N° 12.
Petite pause sur les hauteurs,
vue sur le Tage, canapé sur terrasse,
café à 1euro50...
La place du commerce faisant face au Tage et à l'embarcadère des expéditions maritimes d'autrefois.
Le Fado, ce chant mélancolique accompagné par des instruments a cordes  exploite en général des thèmes récurrents : la saudade, l’amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l’exil... A l'heure de l'apéro, nous déambulons dans l'Alfama et nous arrétons devant l'auberge de Fatima Moura, nous avions rencontré le guitariste dans l'après midi, l'endroit est accueillant, le porto blanc excellent et la cuisine est bonne. Les fadistas (chanteur de fado) se succèdent et alternent, 2 hommes et une femme dans cette petite auberge intimiste, nous sommes surpris et heureux du niveau de qualité. Il transmettent avec intensité les sentiments des chansons que c'en est déchirant, l'émotion nous comble, le Fado ne se chante pas, il se vit.
Soudainement, la musique s'arrète et 5 individus, certains en civil d'autres en uniforme, pénètrent dans le restaurant et font un contrôle en cuisine, nous apprendrons que le cuisinier n'avait pas ses papiers tout a fait en règle... Ces individus se croient obligés de s'assoir a une grande table du restaurant et font un contrôle administratif en règle à la patronne et refusent que la musique reprenne. Ambiance plombée et refroidie, les convives se regardent stupéfaits. C'est mon mousse, chevaleresque, qui ira abréger l'abus de pouvoir et faisant prendre conscience à ces dictateurs du dimanche qu'il en allait de la culture de leur pays et qu'il était incongru de faire telle besogne en plein repas musical puis son language s'est délié (le porto sans doute) et les mufles se sont retrouvés avec des phrases aux oreilles que je ne peux citer ici. Nous pensions la soirée foutue, mais au contraire, une fois ces gens mal éduqués partis, la patronne est venue féliciter mon mousse avec une bouteille de Ginga, non de son language mais de son implication. Puis les chanteurs ont repris de plus belle avec une bonne humeur visible due au plaisir de voir se faire rembarrer des agents de police et une complicité s'est installé entre les hotes encore présents (ceux qui avait mangé car les autres n'ont pu être servi, le cuisinier ayant suivi les autorités), nous avons invités nos voisins à venir s'assoir a notre table et partager le vin de cerise... la soirée se termina tardivement et nous quittâmes l'endroit avec forces embrassades, disques dédicacés et promesses de se revenir un jour frissonner au son de leurs voix...

Les rues et rulles qu'on adore, les bondieuseries sont légions car on n'oublie pas qu'ici on s'est battu pour redevenir chrétien, notez le pavage des places et de la totalité des trottoirs avec ces motifs trompe-l'oeil.

Rues et ruelles, à l'heure de la sièste, il fait très chaud mais les tables sont prètes pour le soir.

Sao Vincente, azuléjos en facade et quartiers "modernes"  vivant plutot dans la journée.

Cette tour (centre et droite) au design julesvernesque est en fait un ascenseur contruit par un élève de Eiffel, elle est en métal et donne l'impression de sortir tout droit d'un film fantastique des années 50..

mercredi 24 août 2011

Soirée crèpes...

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Que font des bretons qui se rencontrent ? Ils mangent des crèpes ! Soirée Bzh sur Ster-Vraz avec Crèpes de blé noir (merci Lisenn) et Far aux pruneaux (merci Sandrine), on avait même du cidre de Galice, du beurre salé et de la bonne humeur ...















Que mangent des bretons au restaurant au Portugal ? Des haricots à la portuguaise ! 
De divins haricots revenus avec chouriçou et viande de canard fumée... Pas super pour conserver la ligne mais c'est un régal.






lundi 22 août 2011

L'avitaillement...

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Dans la préparation de la navigation, une des tâches secondaire à laquelle on n'accorde que peu d'importance dans les récits d'aventures maritimes, c'est l'avitaillement (en langage de terrien : faire les courses avant de partir en mer).

Pourtant Dieu sait que nul capitaine n'a jamais rien tiré de bon d'un équipage qui a faim. Bien au contraire quand ripaille et festoiement sont au programme, à l'ouvrage le cœur est mis volontiers et la souffrance de la rude besogne sur le pont est accueillie avec liesse quand la marmite embaume les quartiers des équipages. Le Capitaine du bord n'étant pas mauvais bougre, il partage volontiers sa table et les provisions de la cambuse des officiers avec son équipage... Nous donnons ici recette de ladite tache d'avitaillement pour ceux qui ne sont pas Gens de mer.

1°) Ne pas se fourvoyer en partant avec doublons d'un coté et manquement d'un autre, il faut donc diligemment effectuer un état de la cambuse, l'inventaire.

2°) Une fois liste dûment copiée, envoyer une embarcation légère en ville avec équipage réduit en la personne du cuisinier et de l'intendant. Sillonner les rayons du Jumbo (grande surface locale) avec circonspection et attention, puis remplir la charrette (2 nous serons nécessaires) des produits listés.
Seul sera choisi le « sec », le « frais » par opposition se fera le plus tardivement possible avant d'appareiller.

L'ensemble du chargement sera confié au commerçant qui notera la position du navire et le livrera le lendemain à heure précise, l'ensemble étant trop pesant pour les 2 seules personnes envoyées en ville.
3°) A leur bouille épanouie, nous reconnaîtrons le lendemain les gens du commerçant qui, prestement, convoieront les vivres jusqu'au franc bord du navire. C'est ensuite l'équipage qui prend le relais pour embarquer les provisions. Le peintre du bord immortalisera l'intendant trônant fièrement devant l'amoncellement de victuailles.






4°) L'intendant, notons qu'il joue un rôle toute d'importance dans cette aventure, écrira sur le registre du bord les titres et quantités de nourriture rangée dans les différentes soutes du bord.

5°) Pour raisons de pure sécurité du bord, une commande spéciale est faite pour éviter à l'officier de quart de nuit de tomber raide suite à une crise de fringale subite, danger qui guette sournoisement celui qui tente de résister à l'attaque du carré de chocolat...


samedi 20 août 2011

"J'suis pas un imbécile... j'suis douanier..."

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Nous allons arriver dans des eaux gérées par des pays ou la "procédure" ou les "enregistrements" ou encore les "déclarations" de toutes sortes sont légions et font partie d'une sorte de rituel administratif ou les agents des administrations diverses, marina, douanes, police et autres bureaux prétendent justifier leur occupation en explorant le monticules de documents a leur soumettre et en remplissant des formulaires de plusieurs couleurs en plusieurs exemplaires à mettre dans plusieurs casiers... S'ils se contentaient de jouer tout seul a ce petit jeu, cela ne ferait que nous faire perdre du temps mais voilà... ils s'ennuient, ces gens-là, et sont donc tout content de trouver un petit copain de cours de récréation en la personne du skipper qui vient faire enregistrer son bateau... Quand tout se passe bien, le jeu, pour ce qui est du rôle du petit-copain skipper, consiste à conserver son calme et soumettre sa patience (mondialement connue) à rude épreuve. Mais une variante du jeu existe, lors de grosse période d'ennui du petit-copain-douanier, c'est de faire comme si quelque-chose n'allait pas, on finasse, on tourne et retourne les passeports, on pinaille pour un numéro mal écrit, on remplit plusieurs fois les "formulaires"... Là, le skipper dont la patience (encore malconnue, il est vrai) lui assèche la gorge et lui rend difficile la déglutition, puis ce sont les mains moites qui se crispent dans le dos en imaginant serrer la gorge du petit-copain-qui-commence-à-courir-sur-le-haricot, puis avec les heures qui passent on finit par penser réellement au meurtre puis comment cacher le corps, effacer les empreintes, éviter de finir ses jours en prison..... donc STOP ... Il faut anticiper et imposer immédiatement les règles qui ne sont finalement que les mêmes que les siennes mais en plus strict (là, le skipper est mieux connu pour ça). Tu veux qu'on joue à l'administratif ? Bon, ben d'accord,  mais c'est moi qui commence... pour parfaire la panoplie de Super-Administratif, il faut des armes et ici pas d'épée, ni de lasso ou autre pistolet-laser, non il faut du puissant, du lourd et le contre-torpilleur de la guerre administrative c'est : Le tampon !
Et ensuite, bataille après bataille, formulaire après formulaire, les bleus, les jaunes, les verts, etc, rien ne résiste aux coups de tampon !
Ame sensible s'abstenir, nous allons réveler au grand jour cette puissante arme anti-administratif ...


jeudi 18 août 2011

Belem, les caravelles partent pour l'Afrique...

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Nous partons de Peniche dans un brouillard opaque, nous obligeant à respecter une veille optique attentive et un contrôle radar permanent. C'est un slalom entre perches de casiers très nombreuses et pêcheurs en bateaux immobiles issus de nulle part. Presque heureusement le manque total de vent nous fait avancer au moteur sur la quasi totalité des 50 miles et nous permet de nous concentrer sur la surveillance.
Puis c'est en arrivant à la hauteur de Sintra que le ciel se dégage et que nous touchons un peu de vent, maintenant habitués aux humeurs capricieuses et perverses des vents thermiques de la région, nous envoyons la GV avec 2 ris et préparons les bastaques pour installer la trinquette. Ce gréement très sous-toilé pour les premiers vents s'est révélé être exactement ce qu'il fallait lorsque brusquement c'est presque 30 noeuds qui nous ont accompagnés sur les derniers 15 miles. Avec ce vent, nous décidons de ne pas tenter un accostage et allons mouiller en face de la plage de Cascais. Dans la soirée le vent se calmera  et nous apprécierons l'endroit en dinant dans le cockpit aux lueurs de la ville.
Cette ville plutot touristique est aussi favorisée par la douceur d'un climat où se combinent la salubrité de l'air marin et la fraîcheur des vents provenant du massif de Sintra. Une belle plage de sable ourlant une baie harmonieuse de la Côte du Soleil, Cascais est à la fois un port de pêche traditionnel et une station animée.
La marina de Cascais est un de ces rares endroits ou nous sommes accueillis avec service irréprochable et personnel qualifié. Les couts sont en conséquence mais restent très acceptables comparés a la France et au service, de plus nous avons droit à des cadeaux emballés en signe de bienvenue et du personnel pour amarrer le bateau au ponton, avec des "Welcome Sir...". L'endroit est idéal pour les quelques réparations et entretiens à effectuer sur le bateau, les boitiers de lattes forcée de la Grand-voile sont arrivés par colis et sont changés, la plomberie "eau de mer" est démontée-changée-réinstallée, l'annexe perçée par un français pas doué dans ses manoeuvres de port, est réparée ainsi qu'autres mille petites choses qui s'accumulaient sur le cahier des "trucs à faire". Nous aurons encore l'occasion de vérifier la gentillesse locale, ou les chauffeurs de bus s'arrétent en dehors des arrêts et nous montrent des magasins dans lesquels trouver ce qu'on cherche... Certains s'arrêtent pour nous indiquer notre chemin, il faut dire que le dédale des itinéraires de bus nous semble encore assez diffus...
C'est ici, à Cacais, que nous rencontrerons TAOZ, un Oceanis 43 avec un couple de Brestois et leurs enfants en partance pour les Antilles, puis nous reverrons nos amis de Pornichert sur STER-VRAZ, il est vrai que les gens en "croisière-vacances" commencent a se faire rares pour laisser la place à ceux qui "partent". Les bateaux sont préparés pour le hauturier et les "fanfarons des pontons" sont moins fréquents.

C'est recherchant un shipchandler que nous irons découvrir une ville qui sonne familièrement aux oreilles bretonnes car nous connaissons tous le fameux 3-mats qui porte son nom, mais moins la ville elle-même et son histoire aux parfums d'aventure, de conquètes et de routes maritime des épices: Belem !
C'est d'ici que partaient les caravelles le long des côtes africaines, territoires sous domination maritime portuguaise et revenaient les cales pleines, ce fut l'age d'or du Portugal.

La tour de Belém évoque l'Afrique en plein Lisbonne. Sous ses terrasses, ses balcons et ses guérites mauresques, cette citadelle du 16ème siècle, a vu autrefois passer les caravelles en partance pour les côtes de Guinée. Elle fut construite afin de servir à la fois de porte d'entrée à la ville de Lisbonne mais aussi en tant que système de défense protégeant l'embouchure du Tage. Quand Lisbonne fut envahie par les espagnols au cours de la lutte pour le trône portugais, la tour combattit férocement avant de se rendre. Pendant les siècles qui suivirent, la tour fut principalement utilisée comme une prison, dont les cellules souterraines étaient régulièrement inondées... Il est à noter que la tour qui se trouvait à l'origine au milieu du Tage, se retrouvera au bord, après "le" tremblement de terre de Lisbonne de 1755 et le détournement de ses eaux.


D'une richesse sculpturale impressionnante, on ne peut passer à Belem sans aller s'incliner certes devant l'autel mais aussi devant le travail réalisé au Monastère des Hiéronymites. Cet édifice constitue l'œuvre architecturale la plus aboutie du style manuélin. Bénéficiant de l'afflux de richesses à Lisbonne au 16ème siècle , les architectes purent se lancer dans une œuvre de grande envergure. Celle-ci témoigne de la grande richesse des découvertes portuguaises a travers le monde. Elle y abrite, par ailleurs, la sépulture de Vasco de Gama,  navigateur portugais et premier Européen à arriver aux Indes par voie maritime en contournant le cap de Bonne-Espérance.



 
Notez la taille des statues...
Puis en remontant le Tage, c'est devant le Padrão dos Descobrimentos (Monument aux Découvertes) que nous irons nous assoir car nous avons galopé toute la journée à la recherche de pièces techniques dont nous apprendrons a nous passer... Ce monument a été construit en 1960 pour fêter le 500ème anniversaire de la mort d'Henri le Navigateur. Son nom fait allusion aux padrões, ces piliers de pierre surmontés d'une croix qu'utilisaient les navigateurs portugais lors des Grandes Découvertes.
La monument a la forme d'une caravelle. Henri le Navigateur se tient à la proue, une caravelle entre les mains. Deux files descendantes, de chaque côté du monument, rassemblent les statues des figures portugaises liées aux explorations intensives de l'époque.
A noter que les Lisboètes les moins friands de l'esthétique salazariste surnomment ironiquement ce monument "Poussez pas derrière !"...


dimanche 14 août 2011

Peniche, place forte du XVème siècle et gentillesse du 21ème siècle...

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Premier port de pêche du Portugal, Peniche est en partie encerclée par des murailles du XVIe siècle. Du côté sud, près de la mer, se dresse la forteresse du XVe siècle utilisée comme prison pendant le régime de Salazar, d'où s'est évadé le secrétaire général du parti communiste, Álvaro Cunhal.
Mais globalement, en dehors du centre-ville mignon intra-muros qui tire son charme de sa simplicité et de son authenticité (ainsi que celles de ses habitants) l'ancienne île désormais rattachée à la terre à un developpement urbain plutôt anarchique faisant, hélas, travailler d'avantage les bétonneuses que les architectes de gout. Après en avoir fait le tour, il est vrai que c'est dans son centre que tout se passe... On y boira un verre aux terrasses accueillantes et on peut y déguster tous les poissons et fruits de mer que l'on souhaite pour pas très cher, mais le plat typique reste la morue même si les effluves de sardines grillées volent dans les airs dès 11h le matin...

Un départ au lof sous gennaker, lors d'une survente thermique, nous à faussé le bout-dehors et cassé la pièce de liaison. Je ne suis pas trop surpris car l'échantillonage du tube me paraissait faible depuis le début... A la capitainerie, on nous signale un atelier dans la zone industrielle qui travaille non pas de l'aluminium mais de l'inox mais ils ferment tôt et c'est un "grand" week-end (15 aout). Nous traversons donc la ville rapidement avec un tube de presque 2m sur l'épaule, puis zigzaguons dans la zone et trouvons ledit atelier. On sort le pied à coulisse, le mètre, on examine, on parlemente (discussion avec les mains), des pièces sont à démonter de l'ancien puis à souder sur le nouveau tube, des pièces intermédiaires sont à fabriquer au tour pour adapter les diamètres de tube différents, etc.. Un hochement de tête m'averti de la possibilité de la chose, puis tombe l'équivalent d'un "Repasse demain à midi". Nous avons désormais un nouveau bout-dehors bien plus solide que l'ancien et  plus joli car il est en inox. Le patron nous ramènera même en voiture jusqu'à la marina. Il est venu bosser avec un de ses employés un samedi matin juste pour dépanner un plaisancier et gagner quelques ridicules euros comparés aux prix français. On ne verra ça par chez nous que trop rarement et c'est dommage.

Autre exemple de gentillesse, l'après-midi, on part faire les courses... En plein centre, on sort notre plan comme 2 bons touristes qui cherchent leur chemin et ce sont les gens qui s'arrètent pour nous demander ce qu'on cherche... On a un Caddie avec nous (un truc pliant a roulettes pour mettre les courses dedans), un homme devine que nous cherchons la grande surface, il nous appelle, il y va aussi, il nous propose de monter dans son véhicule et en profite pour nous faire une visite guidée... C'est de la Gentillesse pure et toute simple, celle dont nous ne sommes plus habitués avec l'isolement engendré par notre bon sang d'individualisme. Ici, comme en Espagne, "l'entraide" existe, ce n'est pas de l'altruisme (même si les individualistes français peuvent confondre) c'est simplement la prise de conscience que nous ne sommes pas diminués en partageant ce que l'on sait. Il est évident que les périodes difficiles vécues en interne ont du jouer beaucoup dans la notion "d'aide à son prochain" mais toujours est-il que c'est fait naturellement et quotidiennement par tout le monde ici et que ça fait chaud au coeur de ne pas se sentir seul, même dans un pays étranger. C'est de la Gentillesse avec un grand G, nous n'aurons jamais l'occasion de les en remercier suffisamment.


Etonnant, cette "ancienne" île  reliée à la terre par ses équipements portuaires

Peniche a toujours attiré les artistes et notamment des peintres français.

L'heure de la sieste...

Moment d'éternité...

Le cap Carvoeiro avec au fond les îles Berlengas



A noter aussi que les plages de Peniche sont classées comme étant les meilleures du Portugal pour la pratique du surf (elles a accueilli en octobre 2009 la compétition Rip Curl Pro Search puis celle de 2011).

Demain, départ pour Cascais à l'embouchure du Tage...

jeudi 11 août 2011

Sao Martinho do Porto... Un abri offert par la nature...

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Les paysages pas toujours variés de la côte...
Nous avons eu recemment de belles journées de navigation, parfois toutes les conditions ne sont pas reunies au même moment mais dans l'ensemble nous échappons à la brume de ces derniers temps...

Sauf qu'avant-hier, nous avons subit une brise thermique des plus violente en arrivant sur Figueira da Foz, nous avions eu de bonnes conditions (nécessaire à abattre 70 miles dans la journée) lorsque le vent tombe à 3 miles du port d'arrivée. Nous roulons le génois mais conservons la GV haute pour minimiser l'effet du roulis puis démarrons le Perkins et avançons à 5 noeuds... La levée du thermique fut brutale, le soleil commencait à raser l'horizon, lorsque le vent pris 10 puis 20 et enfin 30 et 38  noeuds en moins de 2 minutes, nous étions grand largue, des surfs à plus de 8 noeuds sous GV seule pour arriver dans l'embouchure du Rio Mondego... Affalage de la GV, puis entrée dans l'estuaire puis la marina. Je note 2 bateaux classiques Norvégiens déja amarrés que nous avions déja vu à Porto, une première approche du ponton par 25 noeuds pour connaitre ma dérive puis pour un clin d'oeil aux équipages sur le ponton. C'est avec leur aide que nous accostons dans de violentes bourrasques. Moins d'une heure après ce sera le calme plat...


Puis hier, les dieux nous étaient favorables et plus cléments... Du soleil, du vrai, du chaud puis du vent et une houle bien orientés qui nous offre de jolis surfs sous gennaker. Les miles défilents et nous font oublier la monotonie des côtes. Puis ce sera les dauphins qui viendront nous rendre visite, on se lasse pas de les voir, c'est toujours la même fête à bord. Puis nous avons repéré une niche pour aller mouiller, il faut préciser que la côte portuguaise n'est guère encline à offrir autre chose que des marinas du fait de son relief très exposé aux vents et à la houle. Il faut donc généralement entrer dans les estuaires, abris naturels, pour y trouver un amarrage sur ponton. Mais en farfouillant nous sommes tombé sur un petit bijou de la nature, Sao Martinho do Porto qui fut il y a longtemps un petit port de pêche. C'est aujourd'hui une ville touristique, située dans un très beau cadre, en effet, la mer a ouvert une brèche dans les falaises de calcaire dur et a formé une baie en forme de croissant dans la roche tendre qui se trouve derrière. Bien que de nombreux immeubles soient neufs, l'architecture de la ville est étonnamment séduisante, et l'on pourrait se croire en Méditerranée avec les terrasses de cafés et les boutiques. Les eaux peu profondes et protégées de la baie assurent une température pour la baignade plus élevée que la moyenne. Une fois à l'intérieur de la baie il n'y a plus de houle et s'offre à nous une jolie baie avec une ambiance à la St-Trop', des restaurants de fruits de mer le long de la promenade, on y déambule calmement, l'atmosphère est chaude et sereine...



On nous en a redemandé, du Flipper et du Oum alors pour les amateurs de dauphins... On apercevra un jeune dauphin aux cotés de sa maman, puis aussi le reflet du bateau dans l'eau...


Un abri offert par la nature, seul inconvenient: seuls les faibles tirants d'eau sont autorisés, les profondeurs étant de l'ordre d'1m50... Merci Traou Mad, toi tu passes...


L'ancre est crochée par 1m60 de fond, il est 19h00 le bateau est rangé... c'est l'heure de l'apéro...


Un Ricard pour le Capitaine, classique, puis un vin Portuguais pour Madame, ils en ont d'excellents, puis des "chipironnes en su tinta" (chipirons dans leur encre), du chouriço (chorizo portuguais) pour grignotter...

Tout pour être heureux quoi...


Pour couronner le tout, un bon vieux coucher de soleil sur l'entrée de la baie.... Une journée formidable jusqu'au bout...




lundi 8 août 2011

Porto, grandeur et décadence...

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Selon la légende, Cale, l'un des argonautes grecs arrive sur le site de l'embouchure du Douro et fonde la ville. Mais le choix du site n'est pas approprié à la navigation. Les Romains changent donc l'emplacement de la ville sur la rive droite, pour construire un port, nommé Portus Cale (le port de Cale)

Avec l'essor de la ville se développe une seigneurie féodale, qui, au fil du temps, se fait appeler Portugal. Le comté de Portugal va du Minho au Douro. En 1096, Alphonse VI de Castille l'octroie à sa fille naturelle Thérèse, mariée avec Henri de Bourgogne. Leur fils, Alphonse Henri, est le premier souverain portugais.

En 1415, sous l'égide d'Henri le Navigateur (un des illustres fils de la ville), une importante expédition est mise sur pied pour la prise de Ceuta. La ville de Porto, chargée de l'approvisionnement de la flotte royale, est alors lourdement mise à contribution et doit se démunir de la plupart de ses vivres. Après le départ des soldats, les habitants doivent se contenter des aliments restants, soit les tripes et les abats, difficiles à conserver lors de campagnes militaires. C'est ainsi que par la suite le qualificatif de tripeiros (mangeurs de tripes) est utilisé pour désigner les habitants de Porto.

 Henri le navigateur, prince du Portugal, est souvent considéré comme la figure la plus importante du début de l'expansion coloniale européenne. Porto porte donc un passé glorieux et riche pour qui aime les épopées des découvreurs de routes marchandes maritimes, n'oublions pas que le Portugal fut une des grandes puissances mondiales et qu'elle et l'Espagne se sont partagé le Monde à une époque pas si lointaine à l'echelle de la planète... Mais nous ne devons pas oublier les crises économiques et les guerres civiles qui ont gangrener ce pays au point ou il est aujourd'hui. La Chine à failli être "propriétaire" du Portugal si l'Europe n'était pas intervenu pour sa dette extérieure. Les séquelles laissées par de telles blessures ne peuvent disparaitre rapidement... et elles sont visibles à Porto. Cette belle cité aux parfums de bien-vivre d'autrefois est aujourd'hui malade. Cidade Invictus (« la ville invaincue ») à succombé à ce cancer qui lui ronge les os, seuls quelques maquillages lui autorise à recevoir les bus de touristes spécialisés par les "tours" sans station d'arrêt en centre-ville. Les cavistes de Porto de la banlieue sont encores les seuls à sourire et a rouler en voiture de sport, c'est la tristesse et la pauvreté qui se dégage des rues de cette cité.

Il faudra sortir des quartiers du centre pour retrouver de l'activité humaine et commerciale. C'est lors d'un retour au bateau et d'une erreur de bus (notre portugais n'est pas au point sans doute...) que nous avons découvert Matosinhos (prononcer Madeuzinieusse...). Cette partie qui donne sur le front de mer à mieux survécu aux outrages économiques, ses habitants proches du port de pêche étaient peut-etre plus habitués à souffrir et se serrer les coudes. On s'y sent revivre, c'est simple, c'est la plage, il y a même des bars sur le sable et, Ô chance quand tu nous accordes tes charmes, nous sommes même tombés par un pur hasard sur "l'endroit" ou il faut manger du poisson grillé... Il faut longer les quais du port de pêche et là, miracle, quelques gargottes au doux parfum de sardines grillées se partagent une clientèle de connaisseurs. A notre surprise, une fois a l'intérieur, nappe blanche, serveurs en tenue, verres à vin, aquarium à homard, étal à poissons du jour avec du bar, du St Pierre, de la daurade, du sabre, des crevettes tigres, du poulpe, etc... Nous sommes reçus commes des ministres et le patron parle français, nous lui demandons conseil pour les apéritifs afin d'augmenter notre culture vinicole, ce sera donc 2 Portos blanc frais pour commencer le repas avec un peu d'huile d'olive (divine) pour y tremper des petits morceaux de pain, puis une fricassée de petits poulpes toujours à l'huile d'olive avec ail et épices, puis salade avec oignons, tomates et poivrons sautés. Ensuite arrivent les sardines au gros sel avec les patates chaudes à l'huile... Un café, un Porto rouge chambré pour faire passer. L'addition est ridicule, nous sortons de là avec le sourire et le ventre plein... Le Portugal n'est pas mort car le portuguais sait vivre !


La Place de la Liberté avec la Statue de Pedro IV - (le pigeon sur sa tête ne fait pas partie de la sculture)

Le batiment de la banque BBVA... celui-là est encore habité...

Ne pas s'y tromper, plus de la moitié de ces locaux sont laissés à l'abandon...

La caisse générale des dépots.

Sur l'avenue des Aliados, la plus grande avenue de Porto, ce batiment complet est laissé à l'abandon comme tant d'autres.
 Nous sommes pourtant dans les quartiers les plus "riches" de la ville...

Le Paços de Concelho (la Mairie).

Les architectures osées et originales reflètent un passé plus joli que l'état actuel des batiments.

L'intérieur de la gare... A noter, ces azulejos (ensembles dxe carreaux de faîence) d'une finesse et d'une complexité étonnante.
Sont représentées, de scènes marquantes (combat contre les espagnols) et de vie courante, mais toujours d'une force d'émotion impressionnante.

Ici, la prise de Ceuta par Henri le Navigateur, il avait 20 ans...

Ancien théatre, la culture est souvent la première victime économique.

Quartiers du centre-ville

Quartiers du Centre-Ville

Quartiers du Centre-Ville, en contre-bas le Douro (le fleuve), on distingue la façade de l'ancienne bourse.

Favélas ? Non, quartiers du Centre-Ville...

Une nostalgie se dégage de ces façades ou les fenêtres illuminaient de luxueux appartement, nous sommes sur une des plus belles places de la ville. Aujourd'hui, seuls les pigeons utilisent les balcons rouillés pour nicher dans les batiments.

Porto possède une quantité considérable de monuments et batiments historiques.
Ici, le pont Eiffel, réhabilité en passerelle pour piétons. Sur le Douro, des croisières pour touristes sur des bateaux simili-traditionnel aux couleurs de Cruz ou Sandeman, les marques de Porto les plus connues, sur la berge d'en face les caves s'alignent le long du fleuve...