samedi 3 mars 2012

Les Saintes, archipel Breton !

Découvert par Christophe Colomb (encore lui!) en 1493 le jour de la Toussaint, l'archipel fut baptisé "Los Santos"...
Ce micro-archipel de 15km2 situé à 7 milles au Sud de la Guadeloupe, à pour voisine éloignée Marie-Galante située à 17 milles à l'Est et la Dominique 20 milles plus au Sud. Deux îles principales, 3 plus petites et de nombreux îlots offrent une variété géographique étonnante et plaisante. Les itinéraires de promenade sont nombreux et permettent, à l'occasion, de croiser des iguanes présents dans l'île car protégés.


Il est dit que tout ce qui croise dans les Caraïbes se retrouve un jour ou l'autre aux Saintes, il est vrai que l'archipel compte de nombreux mouillages dont la grande "Rade des Saintes" dans laquelle tenait toute entière la flotte de l'Amiral de Grasse, celèbre acteur de la non moins celèbre bataille navale contre la flotte brittanique en 1782. On a pris une celèbre déculottée donc on ne va pas s'étendre la-dessus, on aurait mieux fait, à l'époque, de confier les commandements aux Officiers de St Malo, Port-Louis voire Nantes au lieu de prendre en compte le rang de noblesse. Les français, à cette époque, voulait faire des Saintes un bastion imprenable et ont réalisés une série de fortifications et de "batteries" dont les Fort-Joséphine et Fort-Napoléon.



La population actuelle est très spécifique car elle se réfère à sa descendance directe des premiers colons essentiellement bretons (dame oui!) qui occupèrent l'archipel dès 1643. La pêche étant la principale source d'activité, la demande en esclaves pour travailler dans les plantations était donc très faible voire inéxistante, de fait, au cours des siècles le métissage à été très faible. On ne s'étonnera donc pas que malgré le soleil, les embruns ont burinés les visages typés d'avantage "pêcheurs bretons" qu'antillais. On ne peut parler des Saintes sans évoquer les Saintoises, ces célèbres bateaux qui, s'ils ont perdus leurs gréements à voiles au détriments d'énorme moteurs hors-bord, leurs formes élancées n'en sont que plus rapides et puissantes pour affronter la houle Atlantique.

C'est cette même houle que nous avons affrontée quand nous avons quitté les Anses d'Arlet ce samedi pour partir... vers le Nord. La destination finale était les Saintes avec escale à St Pierre en Martinique, puis Portsmouth en Dominique. Après quelques errements dans la rade de Fort de France pour trouver du gas-oil que nous ne trouverons finalement pas, nous quittons cette rade avec 30 noeuds de vent arrière, nous sommes sous génois seul, la mer est plate et filons 8 noeuds... Il faudra malheureusement lofer sous le vent de l'île pour remonter au Nord, 2 ris/génois à 2 tours pour accuser les 25 noeuds résiduels à l'abri de l'île, le bateau marche bien et très vite nous décidons d'effectuer les 90 milles qui nous séparent des Saintes d'une seule traite.
Ce seront 25 puis 27 noeuds qui nous accueillent a l'entrée du canal nous séparant de la Dominique, nous sommes grand-largue et restons sous 2ris/génois, les moyennes de vitesse aux alentours des 7 noeuds nous refont calculer notre heure d'arrivée... Mince, nous arriverons de nuit et non au petit jour comme prévu initialement. Le "dress-code" du bord c'est "ciré-harnais pour tout le monde", en effet les déferlantes sont à peu près aussi grosses que lors de notre transat, peut-être plus...le pont est régulièrement envahi, c'est donc ambiance "capots fermés et capuches à poste" !
C'est vers minuit que nous attaquons le dernier canal nous séparant des Saintes, nous ne sommes plus a l'abri de la Dominique, le vent à refusé et augmenté, ce sera à notre trinquette de faire son entrée en scène et nous serons à la limite du 3ème ris avec 30 noeuds à 50° du vent relatif (qui, lui, annonce des vitesses de vents terribles). Nous arrivons vers 3h du matin aux abords de l'archipel que nous ne connaissons pas, nous devons aller mouiller en son centre et la fatigue commence à se faire sentir, de plus la lune, présente jusque là, décide de se coucher en nous laissant dans une nuit d'encre...
Nous approchons par 30 noeuds et mer formée des "monstres noirs" que peuvent représenter des récifs, des îlets, des îlots, des îles dont on n'arrive pas à distinguer ni la forme exacte ni la distance qui nous en séparent, nous n'entendons que les déferlantes sur les rochers alentours. C'est donc en aveugles que nous rentrons dans ce labyrinte sans phare ni feux, le capitaine se charge de faire avancer le bateau quand son second est à la navigation et annonce régulièrement des "Plus 5° babord!" et des "Plus 10° tribord!". Nous nous glissons ainsi entre les îles jusqu'au premier mouillage acceptable de nuit: le Pain de Sucre. Derniers mètres effectués à la torche pour éclairer les autres bateaux, puis l'oeil sur le sondeur pour s'approcher de la côte... 52 mètres, 32, 24, 17 mètres? On mouille! On envoie 60 mètres de chaines et on croche immédiatement. Quelques morceaux d'ananas vite avalés le temps de vérifier si on ne dérape pas, puis au lit jusqu'a midi le lendemain!
Nous nous approcherons de la plage le lendemain quand il fera jour, c'est nettement plus facile quand on voit clair... Nous retrouverons nos amis de Ster-Vraz (Lizenn et Julien) avec lesquels nous passons notre temps à chasser et manger, puis boire un coup  de rhum pour faire passer...

Enchanteur de jour, mais effrayant de nuit...

Celle-là finirons fricassées avec ail et fines herbes et piments d'espelette...

4 commentaires:

  1. wahoo! trop belles les langoustes!et en plus c' était bon...

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  2. Euhhhh... c'est moi qui me fais vieux ou c'est le soleil qui t'a tapé sur la tête mon bon capitaine... à moins que ce ne soit le rhum !!!
    Rade de Pointe à Pitre... en Martinique ???
    Fais gaffe avec le rhum, tu n'as pas l'habitude, ce n'est pas de la badiane !!! ;-)

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  3. Navigation de nuit !!!!
    Arrêtez de nous faire aussi peur. Attention pour la descente sur la Martinique.
    A bientôt
    Maryvonne

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  4. Y'en a un qui suit! C'est vrai Jacques, j'ai corrigé car je n'ai pas eu le temps d'effectuer de correction lors de la première mise en ligne. Point a Pitre en effet est en Guadeloupe...

    Le rhum, on s'y habitue lentement... :)

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