lundi 5 décembre 2011

Archipel du Cap Vert, episode 2, l'ile de Santo Antao...

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Après quelques jours passés ensemble à Mindélo, la « grande » famille embarque a bord du Ferry de l'Armas pour traverser le « canal » (terme de marine) qui nous sépare de l'île de Santo Antao. Il nous faudra une petite heure de navigation un peu houleuse, chacun s'y accommodant a sa façon, certains en guettant les poissons volants, d'autres à l'aide de cachets et avec stoïcisme. Un « aluguer collectivos » (comprenez un micro-bus de marque japonaise) nous attend au débarcadère de Port Novo et nous fera passer sur le versant Nord.


L'île est d'une beauté surprenante avec ses montagnes imposantes et ses vallées profondes, souvent très verdoyantes grâce à son climat favorable et ses pluies régulières. L'archipel du Cap Vert compte 10 îles, celle-ci est la 2ème par sa taille. C'est une île très montagneuse avec 3 pics culminant à plus de 1800m alignés du Sud-Est au Nord-Ouest formant ainsi une chaîne qui sépare l'île en deux versants, l'un au Sud l'autre au Nord. Ce dernier, le plus découpé, présente des pics escarpés alternés de vallées profondes rendant l'ensemble vertigineux. Cette île surprend aussi par son contraste, mélange de végétation luxuriante et de terres arides. Le Nord, humide, est pourvu de plantations et de cultures, c'est la « zone verte » quand le sud reste sec. Le centre de l'île est très frais car il se situe sur les hauteurs et possède plusieurs variété d'espèces florale et végétales.



C'est vers Ponta do Sol, au Nord que nous nous dirigeons via l'inoubliable « estrada corda » (la route de la corde), il faut en effet avoir le cœur un peu accroché pour oublier les vertigineux précipices et apprécier les paysages qui s'étalent devant nos yeux. Les routes datent de l'époque portugaise du 19ème siècle et sont en pavés, le confort s'en ressent un peu et pour le bien de nos ulcères il ne faut pas imaginer avoir besoin de la résistance des faibles parapets faits de pierres sèches...

Le cratere de la Cova sur la route de la Corde

Le "centre ville" de Ponta do Sol
Ponta do Sol est un petit village de pêcheurs fait en faible partie de quelques maisons décrépies à l'architecture coloniale et le reste comme un peu partout sur l'archipel de ces affreux cubes de parpaings et de ciment gris sans charme. Malgré tout, le village dont le port de pêche domine en importance la place de la mairie est charmant grâce à la gentillesse des habitants, ses plats de poissons, ses pontches fait de grogue (rhum local) et de miel de canne et l'activité collégiale lors du retour des bateaux de pêche. Il est vrai que l'arrivée dans le port est sportive car ces barques, certes aux couleurs chatoyantes mais surpeuplées (en hommes et en poissons) doivent finement négocier un slalom entre les vagues de la barre et les roches à fleur d'eau, puis ceux restés a terre doivent hâler le bateau sur la cale, contrairement a l'Afrique tout est orchestré simplement et sans cris, c'en est beau. Puis le poisson est débarqué, soit pêcheurs à filets et leurs caisses de sortes de maquereaux brillants, soit pêcheurs à lignes et chasseurs avec énormes daurade coryphènes, thons, thazards et mérous. Ceux-ci sont pesés en public, vidés et nettoyés sur la cale et disparaissent dans les bassines des femmes qui s'en vont en portant leur chargement sur la tête. Les hommes pourront s'abandonner a quelques parties de cartes le reste de l'après midi jusqu'au soir.

l'activite du port de peche...

On trouve un peu d'ombre pour jouer apres le labeur du jour

L'entree du port... pas de commentaire sur les difficultes...

La photo de groupe...




C'est d'ici que nous partirons nous promener à pied soit vers le village isolé de Fontanhas, construit sur un haut rocher (prêt a s'écrouler) mais aux superbes points de vue soit, à partir du cratère de la Cova, la descente vertigineuse de la Ribeira do Paùl (prononcer « paoul ») jusqu'à Cabo de Ribeira. Nous allons sillonner les sentiers tortueux dans un premier temps parmi les pins et sapins, les cèdres, les eucalyptus et les mimosas dans lesquels seront taillés des cannes de marches pour aider les Dames du groupe familial à maintenir leur pied sûr sur ses sentiers rocailleux. Puis avec la baisse d'altitude (nous ferons 1500m de dénivelé!) apparaissent les fougères géantes, les plantations de canne à sucre, de bananiers, de goyaves et les plants de café. A l'intérieur des terres, l'activité est essentiellement agricole et la moindre parcelle de terre, aussi pentue soit-elle, est exploitée grâce à la culture en terrasse qui sculptent les flancs de montagnes de fines lignes parfaitement horizontales. Les précipices nous permettent d'observer le fond des vallées 1000m plus bas, les sentiers de chèvres sont raides et les ouvrages de soutènement des terrasses de culture sont autant d'énigmes quant à a leur construction tant l'accès y est difficile. On y rencontre de jeunes filles vendant les goyaves fraîchement cueillies ou le café à l'odeur forte de la récolte familiale, le tournant d'après ce seront des ânes menés sur leur parcelle d'herbe, plus loin encore des enfants jouent sur le chemin chaussés de simples claquettes, on en oublie pour un temps nos ampoules et autres douleurs au pied. Les fermettes aux toits de palmes abritent poules bruyantes, cochons et autres chiens aboyant sur notre passage au sein des plantations et au cœur des villages ombragés par les immenses arbres à pain...


Apres le col du cratere, le chemin visible a gauche de la photo descend vers la vallee

Une partie du groupe de randonneurs... lors d'une pause...

Plantations nouvelles...

On distingue les toits de palme des fermettes

Les "plumeaux" que l'on apercoit sont des plants de canne a sucre, le pont en bas est un aqueduc d'irrigation.

Le village de Fontanhas


Après un passage par la piscine et la bonne cuisine de notre hôtel « d'étape » à Porto Novo, nous embarquerons a nouveau pour Mindélo après cette petite semaine sur Santo Antao, qui restera notre notre plus belle escale du Cap Vert. Nous passerons encore quelques jours en compagnie de nos parents parfois en arpentant les rues désertes des lundis soirs de Mindélo à la recherche d'un hypothétique restaurant ouvert ou se remplissant la panse de cochons de lait farçi le lendemain en digérant le tout au bord de la piscine. Puis viendra le moment de se séparer, devant le palais du Gouverneur, car le vol est pour le lendemain matin, un au-revoir que nous avons fait court pour qu'il ne soit douloureux. Nous nous reverrons, nous le savons, bien avant que chacun de nous l'imagine.


Gamines galopant dans les rues de Punta do Sol apres l'ecole
Nous reprenons nos vies de marins après celle, momentanée, de touristes piétons avec tout les petits riens qui font que nos journées sont remplies et nous font arpenter les quartiers non-touristiques de la ville, lavage de linge, remplissage des bouteilles de gaz à l'usine, réparation du support d'alternateur d'arbre, réparation du hale bas et pontet d'écoute de grand-voile, vérification du spi, réparation du bras (de spi) cassé, mise en place d'un système de retour de la bastaque flottante, système de graissage de la barre à roue (...) puis l'avitaillement en vivre et en eau propre (pas si facile par ici), un prochain article sur Mindélo-city et nous pourrons commencer à lever la tête vers l'Ouest, notre prochaine destination...


1 commentaire:

  1. Vous me confirmez que le Cap Vert est à voir ...
    Merci pour ces cartes postales.
    Ravie de vous savoir toujours heureux !

    Ici la grisaille parisienne s'installe. Le Père Noël utilisera plus probablement son parapluie que son traîneau :-(

    Bises à tous les deux,
    Carine

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